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L'ATELIER SOUS LES TOITS

A Cécile et Philippe

PROLOGUE

Cette année, je me suis inscrit à un atelier d’écriture. Une envie de confronter mes mots aux oreilles des autres, une envie d’un espace de liberté pour alimenter mon imaginaire et mon inspiration, une envie d’officialiser ce violon d’Ingres, un besoin de créativité encadrée car la création ne peut se faire que sous contrainte. L’atelier sous les toits qu’il s’appelait, un atelier buissonnier le jeudi après-midi, un moment pour moi, pris sur mes RTT, un temps privilégié pris sur le temps de travail, trois heures d’écriture à la valeur de mon salaire.
Je suis donc arrivé le premier jour au pied de l’immeuble. J’ai poussé la grande porte cochère et je suis rentrée dans la cour. Une jolie cour arborée et fleurie. J’ai cherché le bâtiment C. Je l’ai trouvé sur ma gauche. J’ai monté le perron de cinq marches, ouvert la porte vitrée et je me suis arrêté.
Il y avait devant moi un escalier très raide, presque une échelle qui s’envolait vers le premier étage. Le courage me manquait, une appréhension me tiraillait le ventre, comme toutes les premières fois.
Et là figé au pied de cet escalier, je repense à une première rencontre. Pour tout bagage, j’avais vingt ans et mes illusions à la boutonnière, traces de souvenirs, traces d’une époque, traces d’encre aujourd’hui pour ce premier atelier.

ATELIER 1
AMANDE - JAMBON - BOUDINER - DANDINER

Je mets un genou à terre. Nous nous connaissons depuis peu. Tout a commencé par ce pique-nique avec Pierre, Paul, Jacques et Marie. Une tranche de jambon, quelques amandes, des verres de rosé et du rire pour faire chanter l’amitié. J’ai d’abord remarqué que ses yeux n’étaient pas alignés mais si jolis en amande. Elle avait le sourire dans les yeux et l’éclat sur la bouche.

Jamais je n’aurai dû mettre cette chemise, elle me boudine. J’étais gêné pour m’installer dans l’herbe et vite je me suis mis debout à me dandiner. Les jeux ont commencé, il fallait aligner des mots à la suite des autres. Le premier fut amande et ainsi de suite, vite, sans jamais réfléchir jusqu’à genou.

C’est comme cela qu’elle m’a séduit avec une tranche de jambon, assise par terre. Elle avait le charme dans la peau, une beauté secrète et elle installait une tension en toute simplicité. Il lui suffisait d’être.

Je suis à terre, le cœur tout boudiné d’un sentiment soudain. Soudain la vie s’est mise à rigoler. Telle une gazelle, je me suis senti léger. Rien n’a plus d’importance, que ce battement régulier de mon cœur.


Et ce soir, près de ce village où nous nous sommes rencontrés, j’ai mis un genou à terre simplement pour toucher, cette pierre érodée où sa main s’est posée. Mon battement s’est tu, j’ai déboutonné ma chemise, j’ai cessé de me dandiner et j’ai pleuré le goût des amandes, du jambon et du rosé et son sourire maintenant effacé. Le jeu des mots est terminé.

ATELIER 2
MAIN - TOBOGGAN

J’ai attaqué l’escalier, il est raide, il est droit. Les marches sont hautes. Mon souffle est court au bout de cinq marches. La volonté me manque. Je pense à Vincent et sa main et la confiance qu’elle me donne, souvenir du deuxième atelier.


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Il me prit la main et je sentis sa présence. Cela allait devenir un rituel, le matin à chaque réveil, je me suis rodé à attendre sa main. A midi, si j’ai peur, j’imagine qu’il me la tient. Le soir au cinéma, lorsque la lumière s’éteint, je sens sa main dans la mienne, je sens qu’il entre dans mon cœur, je sens que cet amour va m’accompagner pour toujours sur le toboggan de la vie.

ATELIER 3
BLEU VERT - ENTRE CHIEN ET LOUP

J’arrive au premier palier. Le plus dur me semble fait. L’escalier devient ensuite plus classique. Un escalier de bois parisien qui s’envole vers le cinquième. Une rampe à barreaux métalliques court sur son côté, une fenêtre à chaque demi étage permet de voir la cour qui s’élève, révélant les intérieurs des appartements du bâtiment d’en face. Je monte huit marches, je fais un arrêt. La fenêtre est ouverte. Je plonge dans le salon du voisin. Une tasse bleue est posée sur la table, pas vraiment bleue, bleu-vert. Une couleur qui a inspiré le troisième atelier.


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Je plisse les yeux. J’essaie de voir la route. Nous sommes entre chien et loup. Tout est bleu-vert. Je ne vois rien. Je ne vois pas le chien bleu, ni le loup vert. Je suis bleu de peur et vert de colère. Si j’étais parti plus tôt.

Pourtant j’aime ce moment entre jour et nuit, où toute la noirceur de la journée va disparaître pour laisser place à la clarté de la nuit. Je suis arrivé, plus de chien ni de loup, plus de peur ni de colère, rien que tes yeux bleu-vert qui m’accueillent.

ATELIER 4
GOURDE

J’arrive au deuxième. J’entends à travers la porte les locataires qui discutent. Je m’arrête et capte le quatrième atelier.


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Lui : mais qu’est-ce que tu as ?

Elle : je suis engourdie.

Lui : comment ça engourdie ?

Elle : engourdie !

Lui : fais pas ta gourde, explique !

Elle : j’ai froid.

Lui : mais il fait soleil !

Elle : oui mais j’ai froid. C’est à l’intérieur.

Lui : bouge un peu

Elle : non j’ai froid

Lui : allez, lève-toi, on va sauter

Elle : Pfff

Lui : non, non, non ! pas de Pfff. Debout !

Elle : bon si tu veux. Mais c’est vrai qu’il fait froid ou c’est moi ?

Lui : il ne fait pas chaud

Elle : ah ! tu vois, j’ai raison

Lui : saute ! (Il se met à sauter sur place)

Elle : d’accord (elle l’imite)

Lui : plus haut encore

Elle : han ! han ! han !

Lui : lève tes genoux !

Elle : han ! han ! han !

Lui : allez ! 1, 2 3 … allez, plus haut encore

Elle : STOP !

Lui : quoi ?

Elle : on s’arrête. Je n’en peux plus.

Lui : ça va mieux ?

Elle : pourquoi tu me demande cela ?

Lui : ben ça va mieux, t’es plus gourde ?

Elle : dis donc, comment tu me parles ?!

Lui : avec ma bouche

Elle : ah c’est malin !

Lui : ça va mieux ?

Elle : oui le sang circule. Merci. Mais il fait toujours froid

Lui : c’est normal, c’est l’hiver

Elle : t’es rabat-joie. Tout est normal avec toi

Lui : oui c’est mon secret du bonheur

Elle : ton secret du bonheur ?

Lui : oui

Elle : ben, explique …

Lui : le secret, c’est de savoir faire avec ce que l’on a

Elle : c’est joli

Lui : oui mais pas facile

Elle : je ne suis plus engourdie

Lui : tant mieux

Elle : tu m‘emmènes ?

Lui : où cela ?

Elle : au pays du bonheur, là où il fait chaud au cœur

ATELIER 5
DEHORS, DEDANS - DESSUS, DESSOUS

Je les laisse à leur bonheur et je reprends ma montée. Je m’essouffle, je sens mon cœur qui s’agite. Je sens le sang qui bat dans mes tempes. La pression déclenche l’angoisse, une vilaine peur hypocondriaque. Une peur qui va inspirer les maux du cinquième atelier.


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Dehors ce n’est pas encore l’hiver, pourtant il pleut, il fait humide, les nuages courent, le ciel est gris. Pourquoi ?

Dessus le comptoir, j’ai posé mon ordonnance. J’attends que l’infirmière me regarde. Sa blouse est bleue. Elle s’appelle Delphine. Elle doit être née au début des années 80. Parce que.

Dessous mon pardessus, j’ai mis mon pull noir. Je l’aime bien. Il est souple. Il est chaud. Il est doux. Parce que.

J’attends mon tour, c’est pourquoi je suis là. La maladie a surgi la semaine dernière avec sa sœur la peur. Je suis anxieux, je suis envieux, je me sens vieux. Pourtant.

Je ne me projette plus mais je suis vivant. La fin est peut-être proche mais j’irai demain nager dans l’eau claire et chaude. Le diagnostic, le pronostic et le protocole vont tomber comme un couperet. Pourtant.

Dehors le vent souffle, la lune brille au-dessus des toits, les gens courent dans la rue cherchant les derniers cadeaux.

Dedans c’est l’attente. C’est pourquoi je dois penser aux autres et partager. C’est pourquoi je crois que je suis vivant.

Enfin je dis ça, je ne dis rien. Enfin tout ira bien.

ATELIER 6
ET SI TU QUITTAIS TA FEMME ... ET SI VIVRE, C'ÉTAIT FAIRE DANSER SON ÂME

Au troisième étage, il y a une chaise. La charité humaine l’a posée là pour ceux qui ont besoin d’une pause réparatrice. Je profite de la proposition. Du palier je vois la rampe, la montée d’escalier, la fenêtre du bas qui plonge dans la cour, la fenêtre plus haut qui s’envole vers le ciel. Je suis à mi-chemin, en suspend, à l’entre-deux, comme dans ce sixième atelier.


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  • Et si enfin tu la quittais !

  • Qui ça ?

  • Ta femme !

Nous en sommes restés là. Je ne comprenais pas cette remarque de Paul. Pourquoi me soumettre ce mouvement. Cela fait vingt ans que je vis avec Marie. Une histoire simple, faite de rituels, une histoire presque sans histoire. De la tendresse, de la bienveillance, des mots doux. On s’est rencontré un soir à la sortie de la BU, nous avions vingt ans. On s’est souri, on s’est parlé, on s’est revu et l’habitude a fait le reste. Et doucement, calmement, nos corps se sont rencontrés, on s’est aimé. On a fait des projets, on a rêvé à un avenir.

Souvent Marie me disait : « Et si les poules avaient des dents ». Je lui répondais : « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille ».

 Et la vie a continué sans condition, sans âme. Oui nos âmes ne se sont pas rencontrées mais nos solitudes se sont épousées, nos habitudes se sont mariées. Chacun a tu ses maux, n’a dit mot, ni de plus, ni de moins.

Je crois que j’ai trouvé une forme de bonheur, de sérénité. Une vie sans mouvement, sans saute d’humeur, sans bruit, sans parfum. Mais une vie douillette, sans prise de tête.


Paul m’a dit aussi : « Et si vivre, c’était faire danser son âme ». Ça c’était juste avant « Et si tu la quittais ».

Je suis perplexe, tout est complexe tout à coup. Je suis sonné, sonnerie. Et j’entends au fond de moi, mon âme qui respire, mes désirs qui s’éveillent, mon cœur qui bat. Mon regard d’un mouvement circulaire caresse l’horizon. Et je vois le ciel, les arbres, les fleurs, la fourmi et l’oiseau. Et je sens le vent, la chaleur du soleil et le parfum des roses. Et j’entends le bruit du ruisseau et le chant des cigales.


Ça y est ! Je suis là. Oui, si enfin je la quittais.

ATELIER 7
IL DORT, LE SOLEIL COMMENCE À ÉCLAIRER SON VISAGE

Du troisième au quatrième, je trouve que les marches sont moins hautes. Je sens que le but se rapproche. Un regain de courage m’amène à activer mon allure. Je suis plus léger. Mais au palier du quatrième étage, un doute s’immisce en moi. Je doute de ce choix, encore une peur de la confrontation, encore une hésitation à montrer mon écriture. Faire ce choix, c’est accepter de perdre l’anonymat de mes mots, un processus de deuil à petite échelle. Je m’assieds sur une marche et prends le temps de réfléchir, de trouver du courage. Je pense à cet homme aperçu ce matin dans le square. Le souvenir de son visage m’apaise. Le septième atelier lui donnera une vie.


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Il est sorti tôt ce matin sans attendre que la maison se réveille. Il les a tous laissés à leurs rêves. Il est sept heure, l’air est clair, le camion poubelle vient de passer rendant les trottoirs frais et mouillés. Il a descendu la rue de la Py, traversé la place Edith Piaf, il est entré chez Angélique pour acheter un croissant. Sans attendre sa monnaie, il est ressorti. Raymond lui a dit bonjour comme tous les matins. Son poste chante déjà « Johnny », son sac est posé à côté de lui, il se demande encore où peut-il bien dormir. Il a tourné sur la rue de la Verge d’or vers le square. Il a passé la main dans ses cheveux pour les discipliner. Ils sont encore mouillés, il aime la fraicheur que cela fait dans sa nuque.

Le square est fermé, il est trop tôt. Sans attendre, il escalade la grille pour pénétrer l’odeur verte de l’espace. Il respire enfin. Il est enfin soulagé. Il a tout laissé dans l’appartement, les êtres aimés, son rôle, les inquiétudes, les mots qui blessent. Il regarde la rose Trémière, les Pensées, le vert brillant des Buis, le jaune pâle des tilleuls en fleur. Il aperçoit les bancs, il choisit le mieux exposé, il vient s’assoir. La première bouchée de croissant est presque trop bonne, trop douce. Il regrette un café. Ses épaules descendent en même temps que la pâte feuilletée dans son estomac. Il a fermé les yeux, on pourrait croire qu’il rêve, il étend son corps de tout son banc. La lumière devient plus jaune, un merle se pose sur le dossier, il l’observe, le temps passe sans attendre. Il dort, le soleil commence à éclairer son visage.

ATELIER 8
IL Y A

Je n’arrive pas à me lever de cette marche et à repartir. Je suis en avance en même temps, il me reste dix minutes. J’entends la porte au rez-de-chaussée qui claque. Le bruit me met immédiatement en mouvement. Je reprends l’ascension. Ma joie s’agite, l’atelier va bientôt commencer. Une frénésie enfantine m’habite pour la nouveauté qui arrive, pour le rêve qui va se concrétiser. Les peurs se sont envolées, la liberté de la création m’appelle. Le huitième atelier a raconté ce sentiment.


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Il y a de la lumière sous la porte

Il y a du noir dans le couloir

Il y a le silence de la nuit

Il y a le temps qui se fige

Il y a ma peur

Il y a le bruit de mon cœur qui bat à mes oreilles assourdissant


Et je revois la journée banale à souhait et cette soirée si bien commencée et cette discussion qui a éclaté. Je me repasse les mots, je me repasse les reproches violents, injustes, crachés. Je vois les postillons qui brillent sous le lustre de la salle à manger.


Il y a mes pieds qui avancent à tâtons

Il y a le parquet qui gémit en silence

Il y a la première marche puis la deuxième, la troisième et ainsi jusqu’au palier

Il y a cette pause essoufflée après cette traversée

Il y a mes jambes qui repartent

Il y a les marches enjambées pour me retrouver sur le tapis de l’entrée


Et je souffre des mots jetés comme des pierres sur nos années. Je suis blessé de ce geste du doigt qui m’a traversé le cœur. J’ai vu la direction indiquée vers un ailleurs à jamais.


Il n’y a plus de lumière sous la porte

Il n’y a plus rien entre nous

Il y a la porte qui s’ouvre

Il y a moi qui sors

Il y a la lune qui me sourit

Il y a la lune qui danse dans la nuit


Et je pars dans l’air frais accélérant le pas plus je m’éloigne respirant les parfums


Il n’y a plus de peur

Il n’y a mon cœur qui s’apaise

Il y a la nuit devant moi

Il y a un avenir qui s’éclaire.

ATELIER 9
FEU - INCENDIE

J’arrive enfin au cinquième. La porte est devant moi, la porte de « l’Atelier sous les toits ». Je frappe. Elle s’ouvre sur quatre yeux souriants, quatre mains accueillantes. La pièce est claire et sous les toits véritablement. Autour de la table carrée, nous nous sommes tous installés. Chacun dira son prénom, que son prénom. Je ne saurais rien de personnes. Un anonymat bienveillant pour laisser la place à la créativité de chacun. Seuls des regards, des sourires vont s’échanger et des mots, une complicité de confiance va s’installer entre les participants, comme de vieux amis qui se connaissent depuis longtemps. Nous allions traverser ces ateliers sans nous connaitre mais les phrases et les textes partagés allait tisser des liens, créer des connections, alimenter notre imagination, nous rassurer, nous inspirer, nous révéler à nous et aux autres. Au cours du neuvième atelier, l’histoire de mon être aimé m’a inspiré. Un parallèle est à noter entre la fin de l’atelier et cette fin d’été.


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Nous étions tous assis autour du feu de camp. Etait-ce un feu de joie ?

Seul les visages étaient éclairés, joues rouges, dents blanches, yeux noir. Les corps disparaissaient dans l’obscurité nocturne. C’était comme un collier de bouilles rondes avec pour chacun une flamme au fond des yeux. Peu parlaient, tous écoutaient le son d’une guitare plus loin, autre groupe, autre feu sur la plage.

Nous étions amis depuis longtemps, depuis l’école ou le collège et nous avions ritualisé ses retrouvailles à Houat, petite île de nos fantasmes d’amitié. C’était ne rien faire, nager, pêcher, rire, boire, s’aimer et surtout partager le temps, les regards, les sourires, les expériences, les doutes les sentiments, la bière, les coquillages péchés.

Cette année, nous avons 30 ans et nous venions de comprendre que c’était la fin, les étés à Houat allaient mourir à petit feu parce que le cours de la vie allait nous conduire vers notre travail, nos enfants, nos succès, nos échecs et nous étions bien conscients que la fumée qui s’élevait à l’instant emportait l’insouciance, la jeunesse, un parfum estival.

Oui c’est un feu de joie, une providence, un feu de Dieu qui nous a construits, façonnés, enrichis sans jamais nous tromper.

Hugo, Damien, Alex, Robin, Vincent, Juliette, Lucas, Simon, Gurvan, Solène, Marie, Benjamin, ils étaient tous là à se regarder à travers les flammes, sages, apaisés et heureux de se savoir là, à jamais.

CONCLUSION

Tous ces textes ont été écrits au cours de l’année 2019 à « l’Atelier sous les toits » de Cécile et Philippe.

 Tous ces textes ont été écrits en vingt minutes à partir d’un matériau tiré au sort : mots, phrases, verbe. La consigne est de s’inspirer de tous, d’un ou d’aucun, la liberté étant la règle ultime.

Je me suis surpris, séduit, détesté, malmené mais toujours avec le bonheur de laisser mon esprit s’envoler sur les mots, les phrases, le sens, les sens, les contresens, les souvenirs, les rêves, les instants.

Je ne les ai pas retouchés, ils sont bruts d’écriture, intacts comme à l’instant où la minuterie sonne que le temps d’écriture est terminé. Ils sont le reflet exact de mon état d’esprit au moment de leur rédaction, une création brute, sans filtre, sans références que les miennes. Je les respecte pour ce qu’ils sont.

Ils m’ont montré que l’on peut trouver le meilleur dans l’instant. J’y vois une certaine mélancolie mais aussi une ode à l’instant présent, éphémère, là où se niche le bonheur.

Les cinq étages qui mènent à l’atelier sont une petite épreuve physique à chaque fois, un effort pour mériter d’y participer. C’est dans cette ascension que j’ai trouvé un lien entre ces textes, un lien pour faire un tout et les partager avec vous.

UN TEXTE S'EST PERDU LORS DU DERNIER ATELIER
MAIS QUEL EST CET OBJET ?

Je suis perdu, j’ai perdu le Nord. Je vais encore me faire engueuler. Mon patron va encore me coller un avertissement. Mais comment elles font les copines de l’équipe pour toujours savoir où est le Nord. Moi j’ai perdu mon magnétisme. Ça c’est depuis que j’ai rencontré ce sextant. Il me désaimante quand je le vois, je suis toute chose, j’ai l’aiguille qui s’affole, j’ai le tournis. Ce week-end il m’a fait tourner dans tous les sens, il m’a mise sans-dessus-dessous.
Alors c’est normal que lundi, je ne sois pas dans le bon sens. J’ai la tête à l’ouest, c’est con pour mon concurrent, il va se perdre. Il ne va pas trouver son chemin. Et puis ce soir, c’est à moi que l’on va mettre les points sur les « i ».
De toutes façons, c’est de famille, ma mère, ma grand-mère et même mon arrière-grand-mère avaient le même problème, trois générations que le Nord est à l’Ouest. La seule qui a eu de la chance, c’est ma trisaïeule, elle a conduit Christophe Colomb en Amérique, un coup de bol, même lui il a cru être en Inde.
Alors le petit scout, ce n’est pas le camp qu’il va retrouver. Quoique si, après avoir fait le tour du lac, il va le trouver. Ça va être plus long, c’est tout.

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